All black (Japon, Osaka)

Au Japon, la figure du “vigilant de rue” n’a rien d’anecdotique : elle incarne une stratégie douce mais efficace de contrôle social dans l’espace public. Ces patrouilles semi-officielles, souvent financées par les commerçants eux-mêmes, sont particulièrement actives dans les quartiers de divertissement comme Dōtonbori à Osaka. Elles conjuguent esthétique para-militaire et gestuelle codifiée pour produire une forme de présence dissuasive sans autorité légale réelle.

Inspirée des codes du cosplay, des unités SWAT et de la pop culture tokusatsu, leur tenue devient performative : lunettes noires, caméras frontales, gilets balistiques porteurs d’inscriptions préventives. Cette mise en scène de la surveillance renvoie à une lecture très japonaise du “meiwaku” (nuisance sociale) : ce n’est pas l’acte qui dérange, mais sa visibilité ou son écart au consensus collectif.

Leur statut juridique flou est protégé par une astuce légale : le port affiché d’avertissements comme « 撮影中 » (“enregistrement en cours”) permet d’utiliser des images captées sans consentement explicite, dans les limites du droit à l’image au Japon — tolérant dans les lieux publics, tant que l’usage est annoncé.