Backstage (Indonésie, Bali)

À Bali, les coulisses des rituels sont aussi visibles que les cérémonies elles-mêmes. L’artisanat religieux et décoratif y constitue une économie vivante, informelle, profondément ancrée dans le tissu social local. Sur les bords de route, dans les cours, entre deux arbres, des artistes-ouvriers — souvent appelés undangan — sculptent, peignent ou assemblent des décors temporaires : portails symboliques, arches de mariage, sanctuaires portables ou fausses façades.

Ces installations, éphémères ou semi-durables, sont faites de matériaux hybrides : contreplaqué, résine, bâches imprimées, peinture industrielle. On y reconnaît les formes du style balinais hindouiste (kala, nagas, motifs floraux ou célestes), mais leur exécution relève d’un bricolage maîtrisé, d’une adaptation permanente aux commandes et aux budgets.

Ce savoir-faire, souvent autodidacte, se transmet sur les chantiers eux-mêmes, dans une forme d’apprentissage oral et gestuel. Il reflète à la fois l’ingéniosité balinaise et l’influence du tourisme, qui transforme les gestes sacrés en objets de commande. Une culture où le rituel devient aussi production locale, entre économie, croyance et image.