Backyard Ritual (Tanzanie, Zanzibar)

Dans les habitats swahilis, la cuisine se fait souvent dehors, dans une cour latérale ou un couloir abrité entre les murs. Ces espaces, semi-ouverts, sont à la fois ateliers domestiques, lieux de transmission, de parole et de passage. La cuisine y est un rituel discret, fait de gestes précis, répétés, partagés.

Au centre, le jiko — un foyer à charbon traditionnel — reste l’élément central. Fabriqué en métal ou en terre cuite, selon les moyens du foyer, il permet une cuisson lente ou vive, adaptée aux poissons frais, au riz, aux chapatis, aux sauces. Le charbon y est ravivé à la main, avec des outils improvisés, souvent une cuillère ou une boîte recyclée.

Ici, chaque objet raconte une économie de la réutilisation : bassines métalliques, conserves transformées, wok noirci à force d’usage. La cuisine se fait à l’odorat et au geste : on apprend en regardant, en goûtant, en écoutant le crépitement de l’huile ou la façon dont la fumée se courbe.

Ce type de cuisine, invisible des récits touristiques, porte une mémoire collective : celle des femmes, des lignées, des quartiers, où la cuisson devient un savoir transmis de génération en génération. Une mémoire nourrie de feu, de patience et de silence.