Caravanserail III (Jordanie, Wadi Rum)

Dans le désert de Wadi Rum, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, les dromadaires (Camelus dromedarius) accompagnent depuis des siècles les communautés bédouines à travers les étendues arides de Jordanie. Jadis capables d’engloutir jusqu’à cent litres d’eau en une seule fois, ils n’en absorbent aujourd’hui qu’une cinquantaine — un signe discret mais réel de l’adaptation fragile d’une espèce pourtant forgée pour l’extrême.

En Jordanie, on les surnomme « le miracle de Dieu », fascinés par leur capacité légendaire à survivre des semaines sans boire, par leurs longs cils qui filtrent le sable, et par leur endurance hors du commun à transporter hommes, biens et savoirs. Cette appellation rend aussi hommage à leur rôle oublié dans l’histoire humaine : bâtisseurs invisibles de civilisations, compagnons de pèlerinages, voyageurs inlassables des mers de sable.

Les couvertures tissées, selles brodées, et muselières crochetées à la main témoignent des savoir-faire bédouins, mais aussi d’une hybridation textile contemporaine : motifs floraux, tissus wax, ou matières synthétiques circulent dans les marchés du Proche-Orient et s’agrègent à l’esthétique nomade. Le Wadi Rum lui-même, avec ses paysages gréseux spectaculaires, a nourri l’imaginaire mondial à travers le cinéma (Lawrence of Arabia, The Martian, Dune), renforçant l’aura mythique de ce désert habité.