Façades d'utopie (Sénégal, MBour)

À M’Bour, sur la côte atlantique du Sénégal, cette ancienne pension affiche encore les traces effacées d’un projet humanitaire local, probablement lié à une ONG ou à une initiative communautaire. Les murs blanchis à la chaux et les portes peintes en bleu vif, typiques des constructions côtières sahéliennes, montrent aujourd’hui les marques du temps et de l’abandon. Au premier plan, les casiers à poissons en osier, typiques de la pêche artisanale sénégalaise, sont tordus ou rouillés, gisant entre pneus usés et débris. Ce type de piège, appelé localement « nasse » ou « thiay », est traditionnellement utilisé par les pêcheurs lébous ou sérères dans les eaux peu profondes.

Depuis la tempête qui aurait frappé ce littoral il y a plusieurs années, une grande partie des installations n’a jamais été réparée, faute de moyens. Ce bâtiment — “Les Moulins de Saly” — synthétise en une image l’écart persistant entre les ambitions de développement et la réalité économique des communautés côtières. L’infrastructure touristique côtoie ici l’économie de subsistance dans une tension non résolue.