Fatigue mûre (Jordanie, Amman)

La Jordanie fait partie des dix pays les plus pauvres en eau au monde. Pourtant, dans les souks d’Amman, les pastèques brillent, les tomates s’empilent, les bananes pendent du plafond. Ce contraste repose sur une politique agricole très encadrée : culture hors-sol dans la vallée du Jourdain, importations ciblées depuis l’Égypte ou la Turquie, et recours massif à l’irrigation goutte-à-goutte — une technique popularisée ici dès les années 1990, souvent citée en modèle dans les zones arides.

En Jordanie, où les journées d’été flirtent avec les 40 °C, les marchands ouvrent souvent dès 5 h du matin et ferment après la tombée de la nuit. Derrière l’abondance apparente des pastèques, tomates et bananes, ce sont des corps qui tiennent. Debout plus de 12 heures par jour, dans la chaleur, la poussière, les coupures de courant… Ici, dans une échoppe exiguë du vieux souk d’Amman, un homme s’abandonne brièvement au sommeil. Une fatigue sans plainte, entre deux pesées, deux négociations, deux livraisons. Comme une respiration volée dans un quotidien sans pause.