Géométrie maasaï III (Tanzanie, Zanzibar)

À Zanzibar, cette femme maasaï assemble des rangées de perles sur un métier improvisé, calées entre ses doigts. Si les motifs semblent décoratifs, ils répondent à une logique précise : une symétrie pensée, transmise oralement, sans dessin ni gabarit. Cette précision manuelle reflète une forme d’intelligence spatiale, patiemment développée au fil des ans.

Les perles utilisées ici sont en verre industriel, venues du commerce global. Pourtant, leur usage s’inscrit dans une continuité culturelle. Autrefois façonnées à partir de coquillages, de graines ou d’argile, ces perles modernes permettent aujourd’hui aux femmes d’adapter leur savoir-faire à de nouveaux circuits économiques, notamment touristiques. Elles vendent ces bracelets pour financer les études de leurs enfants ou soutenir leur famille restée sur le continent, dans les régions masaï d’Arusha ou du Ngorongoro.

Chaque ligne tendue est à la fois un acte d’autonomie et une préservation d’identité. On ne porte pas ces bijoux uniquement pour embellir : ils circulent comme des récits portables, marquant la présence d’un peuple nomade sur une terre insulaire qui n’est pas la sienne.