Identité en soldes (Jordanie, Amman)

Chaque matin à Amman, le même rituel : on remonte le rideau sur une journée de vente. Ici, c’est littéral. Le commerçant relève le auvent en toile, révélant progressivement sa ligne de mannequins. Ce moment suspendu crée une scène involontairement burlesque, où les torses restent camouflés, comme s’ils n’étaient pas encore « prêts à vendre ».

Dans les souks jordaniens, le montage et le démontage quotidien des devantures tient presque du théâtre. Beaucoup de boutiques n’ont pas de vitrine permanente : tout s’installe le matin et se démonte le soir, y compris les mannequins. On parle parfois de magasins à façade réversible, une pratique courante dans les quartiers anciens ou soumis à des réglementations flexibles sur l’espace public.

Et ce qui peut passer pour une scène comique est en réalité un système d’adaptation urbaine : gain de place, protection solaire, sécurité nocturne. À Amman, l’informel est souvent plus ingénieux que le formel.