Jump to shape (Sénégal, MBour)

Chaque soir sur les plages de M’Bour, le sable devient terrain d’entraînement. Les jeunes y enchaînent des séries de sauts et de courses, silhouette à contre-jour sous les palmiers. Si ce rituel peut sembler anodin, il porte une intention affirmée : travailler la forme physique — notamment les fessiers — selon des standards esthétiques locaux, puissamment revendiqués.

Dans la culture sénégalaise contemporaine, notamment féminine, les formes généreuses ne sont pas seulement valorisées : elles sont cultivées. On parle ici de “mbindou”, terme wolof désignant des fesses pleines, musclées, harmonieuses. Une esthétique où la rondeur rime avec force, santé et séduction. À l’opposé des injonctions occidentales à la minceur, c’est une vision du corps ancrée dans des références sociales, communautaires, dansées, et parfois spirituelles.

Ces exercices — souvent collectifs, joyeux, et rythmés — rappellent que l’esthétique est aussi politique : elle dit ce qu’une société célèbre, attend, admire. Et ici, on n’attend pas le miroir d’Instagram pour sculpter sa présence : on saute, on transpire, on façonne.