Peindre l’enfance (Tanzanie, Zanzibar)

Sur les murs de Zanzibar, l’apprentissage prend des couleurs. Ici, trois enfants jouent devant une fresque alphabétique peinte à la main : une pédagogie de rue typique de l’éducation visuelle swahilie. Introduite dans les années 1980 pour pallier le manque de manuels, cette méthode transforme les murs de madrasa, d’écoles communautaires ou même de maisons privées en supports d’apprentissage permanents.

La craie blanche sur leurs bras et leurs visages témoigne de jeux collectifs, distincte du mswazi ou ubwasi, pâte cosmétique traditionnelle locale à visée protectrice. Leurs tenues vives — robes roses, tuniques rouges, hijabs bruns ou bordeaux — indiquent qu’on est hors du temps scolaire, où l’uniforme officiel reste bleu marine et blanc.

Cette scène incarne une pédagogie ancrée dans le quotidien, où les savoirs se diffusent dans l’espace public autant que dans les salles de classe. Les peintures murales, souvent effacées par l’air salin puis recréées, sont des vecteurs durables de transmission éducative communautaire.