Rikishi (Japon, Osaka)

Dans le quartier de Tsuruhashi, à Osaka, ce restaurant de chanko-nabe affiche sans détour l’un des héritiers de la lutte sacrée japonaise. L’ancien rikishi (lutteur de sumo) devenu restaurateur incarne une tradition où le repas est indissociable de la performance, du soin, et de la filiation.

Le chanko-nabe, ragoût dense à base de viande, poisson, légumes et tofu, est préparé en grande quantité dans les heya (écuries de sumo), où les jeunes disciples cuisinent pour leurs aînés. Ce plat ne se réduit pas à une source de calories : il perpétue les gestes, les hiérarchies, et les liens qui unissent les générations de lutteurs.

Sur la façade, les bannières verticales (nobori) — traditionnellement utilisées lors des tournois de sumo — deviennent ici outil de communication et de fierté. Chaque couleur, chaque kanji, inscrit ce lieu dans une cartographie affective où le corps, l’écriture et la cuisine racontent une même histoire : celle d’un art de vivre où l’identité se cuisine à feu doux.