Roue libre (Tanzanie, Zanzibar)

Sur les plages de Zanzibar, le vélo est bien plus qu’un moyen de transport : c’est un outil d’autonomie, d’ingéniosité, et parfois même de survie. Dans un environnement où les routes goudronnées sont rares, où la marée redessine sans cesse les chemins, et où les villages peuvent être éloignés de plusieurs kilomètres, le vélo devient un compagnon essentiel du quotidien.

Dès l’enfance, les jeunes apprennent à pédaler sur le sable mou, à pousser leur vélo sur les bancs de corail, ou à réparer eux-mêmes leurs montures — souvent composées de pièces de récupération venues d’Europe ou d’Asie. Ici, chaque pièce détachée trouve une seconde vie, chaque objet détourné révèle une logique locale de réutilisation intelligente.

Dans cette scène, un garçon transporte un gros pneu sur le guidon de son vélo : servira-t-il à réparer un autre vélo, à fabriquer une balançoire, ou à devenir une bouée improvisée pour l’océan ? Le panier fixé au cadre, lui, transporte tout : du poisson aux outils, en passant par les courses du jour.

Quand la marée se retire, la plage devient route, espace de jeu, ou voie d’accès vers le village voisin. Entre océan et sable, entre jeu et débrouille, le vélo incarne une forme de liberté locale. Roue libre, au sens propre comme au figuré.