Upward Spirit XVII (Tanzanie, Zanzibar)

Un groupe de jeunes hommes maasaï se tient réuni à Zanzibar, loin de leurs terres pastorales d’Arusha, du Serengeti ou du Kajiado. Leur présence sur l’île illustre un phénomène relativement récent : depuis une trentaine d’années, de nombreux moran (guerriers en période initiatique) quittent temporairement leurs villages pour travailler comme gardiens, vendeurs de bijoux ou guides auprès des touristes. Ce déplacement est à la fois économique et identitaire : tout en s’adaptant à un nouveau contexte, ils maintiennent leurs marqueurs culturels — shúkà rouges, colliers de perles, bâtons de marche — qui affirment leur appartenance à la société maasaï. Le port de sandales en caoutchouc taillées dans des pneus usagés, visible ici, est un symbole d’ingéniosité largement répandu dans la communauté.

Le regroupement en cercle ou demi-cercle, même informel, n’est pas anodin : c’est une manière traditionnelle de maintenir la cohésion sociale, la parole circulant d’homme à homme, renforçant le lien communautaire.

La langue maa, parlée par environ 1,5 million de personnes entre le Kenya et la Tanzanie, est une langue nilotique orientale. Elle se caractérise par une grande précision pour décrire le bétail, la nature, les couleurs et les relations sociales. En revanche, de nombreux concepts modernes n’y existent pas en termes propres : ils sont souvent empruntés au swahili ou à l’anglais. Cette économie lexicale n’est pas un signe de « pauvreté » linguistique mais le reflet d’une culture pastorale tournée vers l’essentiel : le bétail, la terre, la pluie, les rituels et les liens de parenté.