Documenter l'attente

Documenter l'attente

La scène est simple : quelques hommes, assis ou accroupis, dans un marché intérieur de Zanzibar. Des blocs de polystyrène usé servent d’étals. Sur l’un, des poulpes entiers, encore humides. Sur l’autre, des crustacés. À côté, une bassine rouge, une balance manuelle, un sol luisant, un mur rugueux. Aucun décor. Aucun signe ostentatoire. Seulement ce qui est là.

Le poulpe est un aliment central à Zanzibar. Pêché artisanalement, souvent à la main ou au harpon, il est vendu au poids, frais, tôt le matin, dans ces espaces modestes. Ces marchés de produits de la mer, discrets, à l’écart des zones touristiques, organisent la vie économique de nombreuses familles.

 

Une composition dense, tendue, silencieuse

La photographie n’a rien de spectaculaire. Et c’est précisément ce qu’elle donne à voir. Une scène documentaire : densité, cohérence, tension sourde. La lumière naturelle découpe les volumes sans les flatter.

Le polystyrène rugueux, la chair brillante des poulpes, les tissus délavés, les postures absorbées — chaque élément est à sa place. Aucun ne cherche à dominer l’autre. L’ensemble tient dans une forme de retenue visuelle.

L’image ne montre pas une action. Elle montre l’entre-deux : le moment où rien ne se passe encore, ou plus. Le lieu est fonctionnel, sans mise en scène. Il y a de la matière, de l’attente, du poids. On sent que ça travaille, même à l’arrêt. Ce n’est pas un instant volé, c’est un instant laissé tel quel.

 

Une photographie issue de la série Valoriser l’Invisible

Ce cliché appartient à la série Valoriser l’Invisible, consacrée aux gestes oubliés, métiers discrets et espaces marginaux. Ici, ni folklore, ni misère, ni esthétisation : juste un moment réel, brut, capté à hauteur d’homme dans un marché de Zanzibar où les poulpes sont pesés, vendus, transformés, chaque jour, sans image officielle.

 

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