Backstreet Chronicles (Etats-Unis, San Fransisco)

À San Francisco, derrière les façades colorées de la ville la plus chère d’Amérique, subsistent des ruelles où s’écrit une autre histoire. Ces “backstreets” — les rues de service, étroites et cachées — ont longtemps été des zones tampons entre deux mondes : celui de la richesse technologique et celui de la précarité urbaine.

L’image s’inscrit dans cette fracture.

Depuis les années 1960, le quartier du Tenderloin, au cœur de la ville, concentre à la fois la misère, les luttes sociales, la création et la débrouille. C’est ici qu’ont vécu les premières communautés queer, les artistes beatniks, les vétérans de guerre et, plus tard, les sans-abris de la Silicon Valley.

Une histoire faite de résistance et d’effacement, de visages oubliés et de murs repeints mille fois. Les graffitis et fresques qui couvrent ces façades ne sont pas de simples décorations : ils sont des archives de rue, une mémoire collective écrite dans la peinture et la poussière.

San Francisco, ville emblématique des utopies californiennes, a toujours porté cette dualité : innovation et oubli, liberté et exclusion, llusion du progrès et persistance du vécu.