À vif (Indonésie, Bali)

Sur les marchés traditionnels d’Indonésie, l’ikan pindang — un maquereau cuit à l’étuvée et conservé dans une saumure salée — reste un aliment de base riche en protéines, prisé pour sa conservation à température ambiante. Accessible et nutritif, il est souvent vendu dans de petits paniers en bambou, qui permettent à la fois d’absorber l’humidité, d’éviter la prolifération bactérienne, et de limiter les déchets plastiques.

L’usage du bambou tressé, ici empilé avec rigueur, témoigne d’un savoir-faire artisanal en matière d’emballage alimentaire, encore vivant malgré la généralisation des barquettes industrielles. Ce système de conditionnement naturel, économique et biodégradable, est hérité de pratiques transmises par les femmes dans les foyers ruraux et les circuits courts.

Pendant que les paniers s’alignent, la vendeuse s’absorbe dans l’écran de son téléphone. Ce contraste entre la matière du monde (le poisson, le bambou, le sol) et la présence virtuelle, dans le repli d’un message ou d’une notification, dit quelque chose des hybridations silencieuses du quotidien. Les marchés deviennent alors les lieux où les gestes alimentaires anciens coexistent avec les réflexes contemporains numériques, sans jamais s’annuler.