Battre la mer I (Tanzanie, Zanzibar)

Sur les rivages de l’océan Indien, l’attendrissage du poulpe perpétue un savoir empirique millénaire : frapper la pieuvre fraîchement pêchée contre le sable ou les rochers pour casser ses fibres musculaires. Ce geste, à la fois brutal et précis, rend la chair tendre, prête à être grillée, bouillie ou marinée dans des recettes transmises oralement.

Bien plus qu’une technique culinaire, c’est une mémoire en mouvement : celle d’une relation fine entre les communautés côtières et leur environnement marin, nourrie par l’observation, l’intuition, l’expérience. Ici, la gastronomie s’ancre dans les marées, dans le rythme du vivant, dans une économie de la subsistance où chaque geste compte.

Ce savoir-faire est aujourd’hui menacé par la standardisation des filières de pêche, l’appauvrissement des stocks marins, et la disparition progressive des pratiques artisanales au profit de techniques mécanisées.