Keeper of stilness II (Maroc, Fez)

Sur les hauteurs de Fès, les cimetières musulmans s’étendent en terrasses, blanchis à la chaux comme les murs d’une médina. Contrairement aux cimetières européens, les tombes musulmanes sont souvent dépourvues de stèles verticales, alignées selon l’axe La Mecque et couvertes d’enduit blanc pour refléter la lumière — une esthétique d’humilité et de pureté. Les noms ne figurent parfois que brièvement, la pierre devant se fondre dans l’horizon.

Le chien, souvent marginalisé dans la culture islamique traditionnelle, trouve ici un rôle involontaire de gardien du seuil. Dans de nombreuses villes marocaines, ces animaux semi-errants finissent par établir des territoires silencieux — et les cimetières offrent la paix, l’abri et le peu de passage qu’ils recherchent.

Mais la présence animale au cœur du sacré n’est pas anodine : elle interroge notre rapport à l’exclusion, au vivant, et à la mémoire. Fidèle sans maître, ce chien devient un symbole de veille — entre les vivants et leurs absents.