Keepers of stillness (Maroc, Fez)

Dans les marges sablonneuses du cimetière musulman de Fès, deux chiens se tiennent, immobiles, comme s’ils faisaient corps avec le paysage. Leurs corps clairs se confondent avec les tombes blanchies à la chaux, dessinant une scène presque picturale, baignée de lumière dure et de silence.

Les cimetières musulmans, comme celui-ci, sont des lieux ouverts, sans clôture stricte entre le monde des morts et celui des vivants. Ils accueillent parfois des plantes sauvages, des animaux errants, et deviennent des espaces semi-publics de contemplation, de repos ou de passage, loin des représentations figées de la mort.

Au Maroc, la relation aux chiens est ambivalente : considérés comme impurs dans certains contextes religieux, mais tolérés — voire respectés — lorsqu’ils remplissent un rôle fonctionnel ou s’installent dans les interstices de la ville. Ces chiens, livrés à eux-mêmes, investissent des lieux sans tension sociale, comme les cimetières, où ils trouvent ombre, calme et refuge.

Ici, ils ne perturbent pas. Ils prolongent le silence, dans une forme de cohabitation apaisée entre le vivant et l’oublié.