Love your ennemy (Indonésie, Bali)

À Bali, les murs des bars affichent désormais des maximes lumineuses devenues marques de fabrique d’un humour globalisé. Ici, le néon joue sur une citation attribuée à Frank Sinatra — « Alcohol may be man’s worst enemy, but the Bible says love your enemy » — transformée en mantra de consommation hédoniste, au croisement du sarcasme, de la religion et de la déco instagrammable.

L’inscription s’intègre dans une scénographie devenue typique des cafés branchés de l’île : murs en briques, mobilier recyclé, cocktails artisanaux et slogans rétroéclairés destinés à être photographiés. Depuis les années 2000, Bali est devenue un terrain d’expérimentation pour ces esthétiques tropicales standardisées, pensées pour les flux de voyageurs jeunes, mobiles et ultra-connectés.

Derrière la légèreté apparente se joue une tension plus profonde : île hindoue rituelle d’un côté, vitrine du capitalisme visuel international de l’autre. Le bar devient un espace ambigu — à la fois lieu de pause, scène de soi, et zone de frottement entre sacré et profane.