Menthe à l’œil (Jordanie, Amman)

À Amman, dans l’un des marchés les plus anciens de la ville, la menthe fraîche s’étale en masse compacte, presque hypnotique. Ce n’est pas la variété douce que l’on trouve en Occident, mais souvent de la menthe na‘nā‘ (نعناع), utilisée dans le thé noir jordanien, les salades comme le taboulé, ou même à mâcher seule pour ses propriétés digestives.

Ici, on ne pèse pas toujours au gramme près : les bouquets se vendent à la poignée, au toucher, à la relation. Les étals débordants sont un signe de générosité autant qu’un appel aux sens : les feuilles brillent, les tiges perlent encore d’humidité, et l’odeur saisit bien avant le regard. Les hommes ne posent pas, mais incarnent la scène. Le temps marchand n’a pas la même intensité que dans les zones touristiques : il s’étire, discute, observe.