Moments (Tanzanie, Zanzibar)

À Zanzibar, certaines habitations conjuguent encore architecture vernaculaire swahilie et ajouts contemporains. Le toit en tôle ondulée rouge, typique des zones tropicales, protège des pluies intenses mais emmagasine la chaleur. Sur le mur, la parabole AzamTV, fournisseur tanzanien de télévision par satellite, signale l’entrée de la connectivité numérique dans les espaces ruraux : télévision, sports internationaux, feuilletons indiens, chaînes arabes.

Les ouvertures en arc brisé, encastrées dans des niches à l’arête géométrique, sont un héritage du style arabo-swahili : influences omanaises, persanes, indiennes, remontant aux routes commerciales du XVIIIe siècle, lorsque Zanzibar devient un hub entre l’Afrique de l’Est, le golfe Persique et l’océan Indien.

À droite, le palmier à noix de coco résume l’économie de subsistance : bois pour la charpente, fibres pour la corde, feuilles pour la toiture, noix pour l’alimentation, le savon ou le charbon artisanal. Dans les villages, les maisons s’adossent souvent à ces arbres multifonctions, dont l’ombre reste une forme de climatisation naturelle.

Les femmes, en pagne ou en voile, y trouvent aussi des espaces de sociabilité : on s’y retrouve en fin de journée, pour échanger des nouvelles, discuter du marché ou s’entraider discrètement. L’architecture n’est pas qu’un décor — elle structure les liens sociaux, en particulier dans les sphères féminines.