Rababa (Jordanie, Petite Petra)

Dans la région de Siq al-Barid, site moins fréquenté que la célèbre Pétra mais tout aussi chargé d’histoire, les traditions bédouines s’ancrent dans la pierre et le souffle du vent.

L’homme joue ici de la rababa, instrument monocorde emblématique des peuples nomades du Moyen-Orient. Cette vièle rudimentaire — souvent fabriquée à la main à partir de bois, peau et crin de cheval — est l’un des plus anciens instruments à archet de la région, antérieur au violon occidental.

La rababa ne sert pas uniquement à faire de la musique : elle est un vecteur de transmission orale. Elle accompagne les poèmes nabatésens, les chants d’amour ou les récits de batailles, rythmant les veillées dans le désert. Le musicien est parfois aussi conteur, gardien d’une mémoire collective transmise sans livre ni partition.

En Jordanie, la rababa fait partie du patrimoine immatériel vivant, bien qu’elle tende à disparaître, concurrencée par les musiques numériques. L’entendre résonner dans les gorges de la Petite Pétra, c’est faire l’expérience d’un temps suspendu où la roche devient théâtre d’échos anciens.