Sans frontière (Israël, Jerusalem)

Sur une plaque en bois peint, suspendue à un étal de souvenirs à Jérusalem, une citation millénaire s’inscrit en hébreu et en anglais : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » — Lévitique 19:18.

Mais ici, le verset devient image. Deux mains — l’une sombre, l’autre claire — se tendent l’une vers l’autre. Un geste à la fois biblique et politique, détournant la Création d’Adam de Michel-Ange pour en faire un manifeste d’égalité. Ce n’est plus Dieu qui donne vie à l’homme, mais deux humains qui se reconnaissent mutuellement comme sacrés.

La photographie a été prise en 2016, en Israël, dans un pays traversé par les frontières visibles et invisibles : murs, idéologies, peurs. Six mots, pourtant, suffisent à fissurer ces murs.

En hébreu comme en arabe, en juif comme en musulman, le mot “prochain” engage. Il n’est pas un concept abstrait, mais un visage, un voisin, un autre soi-même. À Jérusalem, ville sainte pour trois religions, ce message prend une résonance aiguë. Il n’a rien perdu de sa radicalité. Il dérange autant qu’il console.

Ce panneau est un rappel. Que la paix ne viendra jamais seule. Qu’elle se fabrique, geste par geste. Main tendue contre poing serré.