Silat (Indonésie, Yogyakarta)

En Indonésie, le Pencak Silat dépasse la notion d’art martial : il est un système culturel vivant qui associe autodéfense, chorégraphie, musique, spiritualité, et transmission des valeurs communautaires. Reconnu en 2019 par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel, il symbolise l’unité dans la diversité de l’archipel.

À Yogyakarta, ville royale et haut lieu de la culture javanaise, le silat est enseigné dès le plus jeune âge, dans les écoles publiques, les pesantren (écoles islamiques traditionnelles) et les perguruan (clubs locaux), qui transmettent chacun un style régional distinct. On y trouve des influences minangkabau, bugis, chinoises, ou soufies, selon les lignées.

Cette photographie montre un entraînement collectif sur l’alun-alun, la grande place publique située face au kraton (palais du sultan). Ces rassemblements sont fréquents lors de fêtes nationales, évaluations de grades, ou événements de cohésion sociale. Le choix d’un uniforme rouge n’est pas anodin : en Indonésie, le rouge est associé à la force vitale et à l’esprit combatif.

Dans plusieurs régions marginalisées comme la Papouasie, Aceh, ou les périphéries urbaines de Java, le silat devient également un acte de résistance culturelle : il permet d’affirmer une identité locale face à une homogénéisation nationale, et de transmettre des valeurs communautaires comme le respect, la discipline et la mémoire des anciens.